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Quelle est la place de la femme dans l’espace public?

Cosmopolitan, à l’instar de plusieurs magazines grand public, a récemment publié un article traitant du « genre » en aménagement urbain.

 

Depuis peu, les urbanistes, les géographes et les élus locaux s’intéressent à la question de la place des femmes dans l’espace public. Ils souhaitent aller vers plus d’égalité, lutter contre le sentiment d’insécurité et le harcèlement de rue. Lors des conférences TEDx Champs Elysées Women, ces spécialistes ont présenté les résultats de leurs études et leurs solutions sur la place de la femme dans l’espace public.

Un espace public dominé par les hommes dès le plus jeune âge

  • La répartition inégale de l’espace de la cour de récréation

Edith Maruéjouls est géographe et experte sur les questions d’égalité dans l’espace urbain. Lors de la conférence de TEDx en 2017, elle révèle que la place de la femme dans l’espace public est définie dès le plus jeune âge.

Les petites filles sont repoussées sur le côté de la cour de récréation en petits groupes. Tandis que les garçons évoluent dans un espace central non mixte pour jouer au foot.

« Quand le terrain est dessiné au sol, c’est radical : légitimement, c’est là où l’on fait du foot. A partir du moment où vous légitimez une pratique, vous allez prescrire un usage et vous allez proscrire tous les autres », explique-t-elle.

« Les petites filles apprennent les frontières à ne pas dépasser, alors que les garçons sont encouragés à oser, à se dépasser, à prendre le territoire ».

La répartition des activités dites de filles et dites de garçons sont donc largement anticipées dès l’école élémentaire. Les stéréotypes se renforcent avec la répartition des espaces de loisirs dans la ville.

  • Les espaces de loisirs pensés pour les garçons

Selon Edith Maruéjouls, en France, ¾ des loisirs qui sont mis en place par les pouvoirs publics sont à destination des garçons. Le budget alloué est trois fois supérieur à celui des filles.

A partir de la sixième, il y a de moins en moins de loisirs mixtes. Filles et garçons choisissent des loisirs stéréotypés (danse ou foot). Même lorsqu’ils sélectionnent des sports plus neutres, ils sont automatiquement séparés par genre.

« La plus grande disparité s’observe dans les espaces de loisirs urbains. Des lieux comme des skate-parks ou des city stades sont fréquentés à 90% par des garçons », souligne la géographe.

Globalement, les politiques publiques envisagent la ville comme un espace de loisirs pour les hommes.

90% des espaces de loisirs urbains sont fréquentés par des hommes

Pour Edith Maruéjouls , avoir moins de place pour jouer, ne pas pouvoir jouer à ce que l’on veut parce qu’on est une fille, ou un garçon pas assez conforme, c’est l’expérience de l’injustice et l’installation d’inégalités durables. »

Tout cela légitime la présence masculine dans l’espace public et a tendance à reléguer les filles à l’espace privé ou à l’espace scolaire.

Les femmes ne se sentent pas en sécurité dans l’espace public

  • Des espaces urbains pensés par des hommes

Sybil Cosnard, urbaniste et Directrice de l’Aménagement de la ville d’Evry est convaincue de la nécessité de changer la façon dont on conçoit les villes.

Durant la conférence TEDx elle démontre la domination masculine dans le milieu urbain. Par exemple, seuls 2% des rues françaises portent le nom d’une femme et seule une station de métro.

La création des villes, des nouveaux espaces urbains n’est pas appréhendée sous le prisme du genre.

« L’urbanisme en France est très réglementaire et les aspects sociologiques ne sont pas une priorité. Par ailleurs, la question du genre n’est pas intégrée au programme des écoles d’architecture ou d’urbanisme. Par conséquent, il est rarement pris en compte dans les projets », souligne Sybil Cosnard.

Quelles sont les conséquences ? Chris Blache, socio-ethnographe, explique lors de la conférence TEDx que les femmes sont alors reléguées au second plan.

« Les femmes ne sont pas absentes de l’espace public, elles en développent une occupation particulière. Les hommes l’occupent, les femmes s’y occupent… »

« Elles gèrent les fonctions d’accompagnement, les courses, les enfants. Elles sont rarement dans une situation de flânerie ou de détente sur un banc. »

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